Pièce maîtresse des demeures mauriciennes, la varangue est un symbole de l’art de vivre créole. À mi-chemin entre l’intérieur et l’extérieur, la varangue est une invitation à profiter pleinement de la vie mauricienne et de son climat tropical. Dans cet article, nous vous proposons de plonger au cœur de “la vie en varangue”, entre tradition et modernité.
La varangue, de la navigation à l’architecture créole
La varangue trouve ses origines dans le langage du milieu maritime, dans lequel la “varangue” désigne une pièce structurelle dans la charpente d’un navire, une liaison transversale entre la quille et la coque. Lors de l’occupation française, l’Île Maurice, appelée Isle de France, fut habitée par des marins français qui ont introduit cette notion de varangue pour nommer la galerie/terrasse des maisons créoles. Cet espace intermédiaire, entre l’extérieur et l’intérieur, entre l’intimité de la maison et le jardin luxuriant, a donc été initié dans l’architecture mauricienne au XVIIIe siècle. Entourant les maisons coloniales, tel un poste d’observation, la varangue offre une vue dégagée, à l'image du pont d'un navire qui permet aux marins de surveiller l'horizon.
La varangue, pièce maîtresse des demeures mauriciennes
Des demeures de plantation aux maisons populaires, en passant par les célèbres campements mauriciens, tous partagent une caractéristique commune : la varangue. Cet espace illustre la singularité de l’architecture créole, notamment la varangue vitrée, que l’on retrouve uniquement à Maurice. Son grand avantage est qu’elle permet de profiter pleinement des espaces extérieurs, malgré les intempéries ou les caprices du climat mauricien. D’ailleurs à l’époque, comme aujourd’hui, puisqu’une varangue était à l'abri total, on y disposait les mêmes meubles que ceux que l'on retrouvait à l'intérieur de la maison faisant d’elle une véritable pièce de vie intégrée à la maison, comparable à un salon. Dans la culture mauricienne, elle est un lieu de réception des invités et véritable théâtre de moments de vie : dîners, déjeuners, moments conviviaux autour de jeux de société ou encore lieu propice à la dégustation du célèbre “tea time” si symbolique sur l'île.
Comme le décrit Jean-Marie Gustave Le Clézio, la varangue est également une invitation à la flânerie et à la contemplation : “Seule reste la musique, douce, légère, presqu’insaisissable, unie à la lumière sur le feuillage des arbres, à l’ombre de la varangue”.
La varangue aujourd’hui, l’héritage d’une architecture des îles
Bien des choses ont changé à l’Île Maurice, mais la tradition persiste : la vie en varangue a sa place, plus que jamais, dans le quotidien des habitants de l'île. Les architectes manifestent toujours un vif intérêt pour ces espaces, indissociables de l'art de vivre mauricien et hérités de deux siècles d'expérience en architecture résidentielle. D’ailleurs, la plupart des villas en vente, historiques ou récentes, détiennent une varangue. Imaginez-vous installé confortablement sous votre varangue, plongé dans un roman avec comme mélodie le chant des oiseaux, bercé par une légère brise …
Conclusion
Devenue une composante essentielle de l'architecture locale, elle symbolise l'hospitalité et la convivialité mauricienne. C’est une promesse, celle de vivre une vie douce, inspirée par l’histoire et le charme de l’île Maurice.